LA CHRONIQUE D'ANNE-MARIE

Le maringouin de novembre

Bonjour à tout le monde qui me suit toujours,

Je me suis dit ce soir qu’entre ma répétition de trois heures et mon cours de yoga, j’aurais bien le temps de pondre une petite chronique question de vous mettre au courant des mes dernières aventures et mésaventures.

Déjà, j’ai passé une nuit un peu spéciale, secouée par les vents de novembre qui vont vibrer notre toiture qui, évidemment, aurait vraiment besoin d’un coup de neuf. Heureusement, nous n’avons pas eu de grosse fuite comme l’année dernière, mais bon, on se demande toujours si la cheminée ne va pas finir par tomber dans la cour de l’immeuble. C’est la joie des vieilles bâtisses, charmantes, mais pas rénovées.

Et puis, la mise en marche du chauffage a, semble-t-il, réveillé un maringouin (moustique dans le jargon français) qui m’a bourdonné ça à l’oreille toute la nuit, évidemment, je me suis réveillée avec trois belles piqûres dont une en plein milieu du front. C’est charmant ! Surtout qu’aujourd’hui, j’avais trois heures de répétition à Paris puis trois autres heures à Versailles… il faut garder la forme. Heureusement, je revenais de petites vacances londoniennes.

Ah! Il faut dire que je n’ai pas de chance ces derniers temps, car j’ai eu la malchance de vouloir aller visiter Londres dans de nouvelles chaussures (je vous raconte ça… promis). Bon, Londres est vraiment une ville magnifique. Très grande, bien organisée et l’activité qui grouille un peu partout la rend vraiment sympathique et il y a effectivement un peu de nous dans la manière anglaise ou plutôt il y a un peu d’Anglais en nous. Comme à Montréal, on peut voir des restaurants de toutes les nationalités et aussi de jolis cafés. J’aime beaucoup les cafés parisiens, mais il y a un charme certain à aller s’installer au café d’une librairie (au 7e étage) ou bien de pouvoir partir marcher dans les rues et dans les squares avec un cappuccino (énorme et pas cher du tout) en main. Le café parisien est fait pour la discussion épique, la rencontre amicale tandis que le café anglais est celui de la solitude, du moment de pause.

J’ai vraiment aimé à Londres, la profusion d’arbres, les squares tout mignons, les taxis noirs. Et puis, il faut le dire, la ville est propre, pas d’odeur étrange ou écœurante à l’entrée des métros, pas de poubelles débordantes et pas de petits cadeaux canins pour se coller à vos semelles. Bon, je ne dis pas que c’est parfait, mais c’est incomparable face à Paris. Qu’est-ce que vous voulez, j’ai une sensibilité olfactive qui ne s’accorde pas toujours avec la ville que j’aime le plus au monde. Et puis, à Londres il y a les Musicals. J’ai revu les Misérables, avec l’accent british ça change, mais quel spectacle ! Comment font-ils pour jouer 8 fois par semaine ?

J’en reviens à mes nouvelles chaussures (cœurs sensibles s’abstenir). Je sais bien qu’il faut les user un peu avant de marcher 5 heures dans de nouvelles bottes. Mais bon, je ne sais pas ce qui m’a pris, orgueil de parisienne peut-être, je me suis dit que ça ne pourrait pas être si épouvantable, mais je me trompais à un point que je ne pouvais imaginer. J’ai eu des ampoules dignes d’un maquillage d’Halloween (ça tombait bien, c’était la période), la pire était large de cinq centimètres, déchirée et saignante, en plein Hyde Park, il a fallu que je me couche tellement j’avais mal, plus capable de faire un pas sans claudiquer. On a fini par trouver un magasin, j’ai essayé tous les souliers possibles pour remplacer mes bottines malfaisantes, mais la seule chose qui ne me blessait pas les pieds, c’étaient des pantoufles.

Hé bien! Ma fierté n’avait plus sa place au point où j’en étais, et heureusement, on avait du beau temps, car j’ai passé le reste du voyage dans ces pantoufles bleues… elles ont parcouru la maison musée de Sherlock Holmes, le Queen’s Theater, les marchés de Covent Garden, le pont du Tower Bridge. Et puis, elles ont pris l’Eurostar et le RER à la Gare du Nord. Merci pantoufles de m’avoir ramenée à la maison où j’ai pu panser tranquillement mes blessures de guerre.

J’ai un mois de novembre bien chargé, j’ai plein de répétitions différentes, de l’opéra comique à l’opéra les Danaïdes de Salieri, ça va brasser. Je vais à Vienne pour faire des chœurs et sous la direction de Christophe Rousset que j’admire. Ensuite, j’irai à Metz, qui, semble-t-il, est une très belle ville. Le tout entrecoupé de répétitions pour la mise en scène du docteur Sangrado que je ferai en janvier.

En attendant, je peux vous annoncer tout de suite que je donnerai un concert à Laval le 5 janvier 2014 à 14 h 30 à l’église St-Elzéar. Je suis super heureuse, un programme bien baroque avec de la guitare, du théorbe (un genre de luth géant) et de la viole de gambe. De la musique du 17e siècle de France, d’Espagne et d’Italie. Alors, ça coûte 10 dollars et ça me ferait bien plaisir de vous y voir !

Je vous embrasse, n’hésitez pas à me donner de vos nouvelles !

xxx, Anne-Marie

Anne-Marie Beaudette
Versailles, 2013-11-04

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